avion détourné

Mercredi 27 Août 2008
Avion détourné: Les pirates se rendent
Par Claire ANGOT
leJDD.fr
>> Le détournement d'un avion de ligne soudanais mardi alors qu'il assurait une liaison entre le Darfour et Khartoum a connu son épilogue mercredi. Les pirates de l'air ont en effet libéré les passagers, puis l'équipage, avant finalement de se rendre. Ils voulaient initialement se rendre à Paris, où réside le chef dont ils se réclament, mais qui nie toute implication avec ce groupe.


Une demi-heure après son décollage de Nyala, la capitale du Darfour-Sud, l'avion de la compagnie égyptienne Sunair a été détourné par plusieurs pirates de l'air disant appartenir à une branche du Mouvement de libération du Soudan (SLM), l'une des organisations rebelles en lutte au Darfour. Le Boeing 737/200 devait se rendre à Khartoum, la capitale du Soudan, et transportait 95 passagers.

Dans un premier temps, les pirates de l'air ont cherché à se poser au Caire, mais face au refus de l'Egypte de les laisser atterrir, ils ont mis le cap sur la Libye. Tripoli a dû les laisser se poser pour "raison humanitaire", le pilote ayant averti qu'il n'avait plus de carburant, explique l'agence de presse libyenne Jana. La centaine de passagers était donc immobilisée à Koufra, une oasis dans le sud-est de la Libye.

Les pirates exigeaient le plein de carburant afin que l'appareil puisse redécoller à destination de Paris, et ont demandé des cartes pour guider l'avion. Ils ont refusé que des provisions soient apportées aux passagers et rejeté la demande de l'aéroport visant à permettre que les passagers victimes de malaise en raison de la mauvaise climatisation dans l'appareil reçoivent des soins.

"Le pilote [de l'appareil détourné] a fait savoir au chef de l'aéroport de Koufra que les pirates de l'air ne voulaient pas de négociations et qu'ils n'avaient qu'une seule exigence, à savoir que le plein de l'avion soit fait de manière à pouvoir se rendre à Paris", ajoute Jana, qui cite le chef de l'aéroport de Koufra, Khaled Sassia.


Confusion sur les revendications

Mercredi matin, des négociations ont pu être engagées entre les autorités libyennes et un pirate de l'air. Des négociations qui ont rapidement porté leurs fruits, puisque les femmes et les enfants, et bientôt tous les passagers, ont été rapidement libérés. Est venu ensuite le tour de l'équipage, avant que les pirates de l'air ne décident finalement de se rendre en milieu d'après-midi.

Une grande confusion règne quant à l'identité des pirates, leur nombre, et leurs revendications. La faction du SLM dirigée par Abdel Wahed Mohamed al Nour, qui vit à Paris depuis plusieurs années, a démenti que les pirates de l'air fassent partie de ses rangs. Elle a accusé le gouvernement soudanais d'être responsable de ce détournement, cela pour justifier de nouveaux massacres au Darfour. Le pilote, lui, a informé le directeur de l'aéroport que les pirates de l'air étaient au nombre de dix, mais ensuite, il a dit qu'ils étaient peut-être plus nombreux encore, indique Jana. D'après une autre agence de presse égyptienne, il y aurait quatre pirates de l'air, dont un porte-parole du SLM, qui a accepté les accords de paix de 2006 rejetés par la plupart des autres rebelles. Un autre porte-parole du SLM a aussi annoncé que trois responsables d'un ancien groupe rebelle du Darfour, la faction de Mina Minnawi du Mouvement de libération du Soudan (SLM), se trouvaient à bord.

A Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a affirmé sur Europe 1 que le chef rebelle soudanais, qui vit en exil en France depuis quelques années, refusait "absolument d'employer ces méthodes". "Ce n'est d'ailleurs pas son genre, c'est plutôt un homme pacifique", a-t-il ajouté.